L’hypersensibilité chez l’enfant, qu’est-ce que c’est ?

« L’hypersensibilité est une sensibilité plus forte que la moyenne à percevoir les différents stimuli de la vie. Sons, couleurs, sensibilité tactile, perception de la communication non verbale, des émotions de l’interlocuteur ou de l’ambiance de la pièce, le cerveau et le corps de la personne hypersensible ne semblent faits que de capteurs extrêmement puissants qui enregistrent le visible et surtout l’invisible. La perception de l’environnement est ainsi hors normes sur certains aspects, car l’hypersensible s’imprègne des subtilités, des nuances. » [1]

L’hypersensibilité concerne entre 20 à 30% de la population mondiale. [2]

L’hypersensibilité à l’enfance et à l’âge adulte est riche de qualités et il est important de la comprendre pour mieux l’utiliser et en faire un atout, une force et cela le plus tôt possible.

Comment se traduit-elle à l’enfance ?

Environ un enfant sur cinq naît avec cette forte sensibilité et cela touche autant les garçons que les filles.

L’enfant hypersensible est caractérisé par :

Une grande sensibilité sensorielle ou hyperesthésie : Les progrès en imagerie cérébrale ont permis de dévoiler que les informations sensorielles sont traitées plus rapidement par le cerveau de l’enfant hypersensible, ce qui accentue ses ressentis, qu’ils soient positifs (odorat hyperdéveloppé par exemple), ou négatifs (il ressent la douleur plus intensément, une simple étiquette peut le gratter et occasionner une gêne importante). Il a donc unesensibilité décuplée d’un des cinq sens, comme par exemple une grande sensibilité au toucher soit une « hypersensibilité kinesthésique » ou « visuelle », « auditive », « olfactive », « gustative ».

Il est capable de ressentir des stimuli subtils qui passent inaperçus pour les personnes qui ne sont pas hypersensibles.

Une grande curiosité : Il s’intéresse à tout, sa sensibilité lui permettant de se connecter au monde et de tenter de le comprendre avec ses questions intarissables. Il peut avoir des réflexions matures pour son âge, car sa perception du monde est riche.

Un sens de l’observation : Il est attentif aux détails, aux formes, aux couleurs, aux sensations percevant le monde avec tous ses sens en éveil. Il a besoin parfois de plus de temps pour s’adapter aux changements, aux personnes ou aux situations en étant dans cette phase d‘observation, d’analyse montrant une certaine réserve.

Une écoute particulière : il mémorise tous les mots qui ont une importance pour lui. Si les mots positifs sont des caresses, les négatifs peuvent être ressentis comme de véritables gifles face à sa grande sensibilité.

Une grande créativité : il a une imagination très développée et une grande créativité. Il est souvent mal à l’aise avec les notions de compétition et de performance exigés selon certains contextes (école, club sportif…).

Une grande intelligence émotionnelle : Il capte les émotions des uns et des autres grâce au très bon fonctionnement de ses neurones miroirs qui lui permettent d’imiter instinctivement les actions d’un autre individu et jouent un rôle dans la compréhension, l’analyse et le ressenti des émotions des autres. S’il voit un enfant pleurer, il peut se mettre à pleurer lui aussi par exemple.   

« Et c’est scientifiquement prouvé ! Une étude de 2014 menée par l’Université de Stony Brook, New York, a révélé, via l’imagerie médicale, que les personnes hypersensibles avaient une suractivité de certains neurones et plus particulièrement des « neurones miroirs », ces cellules entrant en jeu dans la conscience, les émotions et les relations. » [3]

Daniel Goleman parle de Quotient Emotionnel élevé chez l’enfant hypersensible. Cette notion décrit « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres. »

On parle aussi d’empathie qui permet à l’enfant hypersensible « de ressentir l’autre de l’intérieur ». C’est « la faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent. Ce qui permet de se connecter à l’autre, de l’aider, de le soutenir et aussi de créer des liens authentiques et puissants avec le monde qui nous entoure.»[4]

De nombreuses études, réalisées notamment au sein de l’observatoire de l’ultrasensibilité, démontrent que les hypersensibles souffrent de leur grande tendance à la compassion, cette faculté à avoir de la sympathie pour ce que l’autre ressent, quitte à souffrir avec lui. Pour autant, l’enfant n’est pas voué à souffrir de la peine des autres. En effet, selon les travaux de la neuroscientifique Tania Singer, la compassion et l’empathie utilisent des réseaux neuronaux distincts. Il peut donc rester empathique tout en protégeant son cœur.   

Une grande générosité : Grâce à sa grande intelligence émotionnelle, il sent les émotions des autres et les capte comme une éponge. Il a la capacité de créer des relations saines et bienveillantes avec les autres et ainsi des liens sociaux épanouissants.

Un grand sens de la justice : Lesrègles sont importantes et sécurisantes et l’injustice est extrêmement difficile à vivre.

Un sentiment d’être différent : Les enfants hypersensibles se sentent différents, et ce depuis leur plus jeune âge. Sans pour autant mettre des mots dessus, ils ressentent au fond d’eux un décalage. Et c’est ce décalage qui les amène à penser qu’ils ne sont pas « normaux » et qu’ils ont un problème. Ils ne souffrent donc pas de leur hypersensibilité, mais de ne pas se sentir comme les autres.

Un ventre qui parle : L’enfant hypersensible peut avoir des maux de ventre, des problèmes intestinaux ou l’envie répétée de faire pipi en cas de situations stressantes par exemple. En effet, les intestins possèdent eux aussi des neurones qui sont étroitement en lien avec nos émotions. Ces neurones intestinaux, aussi connus sous le nom de « système nerveux entérique » permettent de contracter les intestins et de communiquer avec le cerveau. [5] 

Une certaine maladresse : Il vit les choses intensément et appréhende son environnement d’une telle manière qu’il peut avoir des difficultés à coordonner ses mouvements ou à canaliser son énergie.

Un souhait de perfection : L’enfant hypersensible est très souvent perfectionniste même s’il peut se montrer « brouillon » sur certains sujets. Il est consciencieux sur certains sujets et peut avoir peur de l’échec.

Une fatigabilité : Tous ces stimuli reçus par l’enfant hypersensible sont comme de nombreuses informations qui saturent rapidement son système nerveux.

L’hypersensibilité est un trait de caractère inné qui a aussi sa part d’acquis, car les réactions de l’environnement ont des répercussions sur l’expression de la sensibilité de l’enfant. L’enfant hypersensible se sentira mieux compris dans une famille ou dans un entourage où l’expression des émotions a sa place, voire est encouragée.

Il est important de souligner qu’il « ne choisit pas de tout percevoir et de réagir avec intensité. »[6]

Il est différent et il le sent. Il a besoin d’être soutenu et valorisé dans cette différence et accompagné à mettre des mots sur ce qu’il ressent pour faire progressivement de sa sensibilité une force !


[1] Stéphanie Couturier, Mon enfant hérisson. Accompagnez mon enfant hypersensible et aidez-le à exploiter son potentiel, Marabout, 2021, p 15..

[2] Elodie Crépel, Mon p’tit cahier. Mon enfant hypersensible, Editions SOLAR, Paris, 2021, p8.

[3] Elodie Crépel, id. p 13.

[4] Elodie Crépel, id. p 14.

[5] Elodie Crépel, id. p 14

[6] Stéphanie Couturier, Mon enfant hérisson. Accompagnez mon enfant hypersensible et aidez-le à exploiter son potentiel, Marabout, 2021, p 16.

Au plaisir de vous rencontrer

Positivement

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